Il m'a amenée à travailler en négatif, au lavis d'acrylique blanche, crayons blancs et graphite.
Peindre en blanc sur fond noir
Sans que j'en aie eu l'intention de départ, l'idée même de créer à partir du noir prend selon moi un sens tout particulier en regard des événements qui agitent les médias et les conversations en ce moment.Nos aspects sombres, égotiques, agressifs, destructeurs, ne sont-ils pas de manière démultipliée ce que le monde nous donne en spectacle en ce moment?
Il ne s'agit pas là de porter la culpabilité de ce qui se passe, mais de prendre la responsabilité de son rapport au monde, ce qui est assez différent.
L'envie, l'avidité, la concurrence qui en est issue, ne nous animent-elles pas tous? Sans cesse, nous projetons alentour, sur un éventuel Autre, étrange, étranger, ennemi, différent, plus bête, plus riche, plus pauvre, plus basané, plus reconnu, etc. les pulsions destructrices qui nous animent depuis toujours.
Les autres mais pas moi
Vous vous direz sûrement: moi, destructeur, jamais! Je suis respectueux, aimant, généreux… Ajoutez tous les qualificatifs élogieux que vous pensez mériter. Oui, bien sûr, c'est certain. Moi aussi. Chacun de nous les mérite.Mais qui n'a jamais ressenti d'envie envers quelqu'un? Si on en tire le fil jusqu'au bout, la pulsion sous-jacente est de déposséder l'autre de ce qu'il a que nous n'avons pas, en termes intellectuels, sensibles, affectifs ou matériels. Ce n'est pas particulièrement angélique… Qui n'a jamais jugé quelqu'un pour des raisons portant sur une quelconque mesure arbitraire, le séparant ainsi de nous, nous séparant du même coup du reste de l'humanité? Si on la regarde de près, cette coupure est essentiellement une violence.
Lorsque ces pulsions sont mises en actes ailleurs ou en d'autres temps, nous sommes confortés dans l'idée que le sombre n'est pas ici, pas maintenant, pas en nous: l'Histoire juge les tyrans.
Le monde, est-ce la somme ou la multiplication de chacun de nous?
Mais comment imaginer un monde en paix si l'humanité qui le compose est elle-même un ensemble de brutes? Nos moyens de destruction en regard de notre immaturité affective sont absolument effrayants.Je crois que c'est l'ultime moment pour balayer dans sa propre cour. A chacun de nous de reconnaître en lui où ces pulsions destructrices prennent leur source, où le désir d'anéantir l'Autre existe un tant soit peu. C'est là que réside une des racines du monde tel qu'on le voit. Et comme un liseron qui crée une nouvelle plante du moindre tronçon de ses racines, nous devons nous occuper de chacune d'entre elles si nous souhaitons que le monde soit débarrassé de la brutalité.
Peindre, c'est voir en moi
Ce papier noir est pour moi une aubaine. Une occasion de mettre au jour ce noir intérieur, sur fond duquel se tracent les pulsions, douces, violentes, éteintes ou vivantes, au fur et à mesure que je les ressens en moi.Voici donc un aperçu de ces peintures en négatif.
63 x 63 cm, acrylique et crayons sur Arches noir, 21 jan 15 |
20 x 20 cm acrylique crayon et graphite sur papier Arches noir, 24 jan 15 |
20 x 20 cm acrylique crayon et graphite sur papier Arches noir, 24 jan 15 |
20 x 20 cm acrylique et crayon sur papier Arches noir, 25 jan 15 |
20 x 20 cm, acrylique et crayon sur Arches noir, 26 jan 15 |
30 x 30 cm, acrylique et crayons sur Arches noir, 10 déc 14 |
20 x 20 cm acryliquee et crayon sur papier Arches noir, 28 jan 15 |